Mar
Vendredi écologie

Aujourd’hui, dans ce focus du vendredi, on retrouve un entretien de La Pensée Ecologique.

Un article à retrouvez, comme bien d’autre, directement sur le site officiel !

Comment permettre aux classes populaires de participer et de proposer leur propre vision de l’écologie ou leur propre récit de la transition écologique

Vulnérabilité sociale et vulnérabilité écologique; dans ce nouvel article, Dominique Grandgeorge nous parle de ce qu’il appelle “la double peine”…

Proposé par La Pensée Ecologique, évidemment diffusé par reZonance.

Travail social et écologie.

Entretien avec Dominique Grandgeorge

LPE : Dominique Grandgeorge vous venez de publier un livre qui jette un pont entre travail social et écologie et comble ainsi un manque. Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

DG : Initialement éducateur spécialisé, je suis aussi titulaire d’un master de sociologie de l’Université Marc Bloch de Strasbourg. Ma carrière est très diversifiée selon le type d’employeur, le statut professionnel et le secteur d’intervention (établissement privé, association d’éducation populaire, collectivité publique, école de formation) ;

selon le niveau des responsabilités et les fonctions occupées (éducateur de groupe chargé de mission, directeur de l’Office public de l’habitat à loyer modéré et Centre Communal d’Action Sociale ; selon les lieux d’activités (Bourgogne Franche-Comté, Grand-Est, Suisse, Iles de la Réunion et de Nouvelle-Calédonie).

Ce parcours très diversifié m’a permis de porter un regard panoramique sur le champ de l’intervention sociale dans sa globalité. Aujourd’hui, j’interviens comme formateur en école de formation et consultant spécialisé auprès des établissements sanitaires et sociaux.

LPE:  Le livre que vous venez de publier aux éditions IES s’intitule L’écologisation du travail social. Les établissements sociaux à l’épreuve du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Question brutale, pourquoi un tel ouvrage sur les établissements sociaux ?

DG : La question ne se pose pas de cette manière pour moi. Mais plutôt : pourquoi aucun ouvrage sur la question n’existait-il, ni en France, ni en Suisse ? On peut y voir une expression de l’absence de « concernement » (terme que j’emprunte au lexique suisse) et d’engagement du secteur à cette question. Pour moi, cela relève de l’inconscience, voire de l’irresponsabilité.

La question que chacune et chacun d’entre nous doit se poser c’est :  » est-ce que je respecte l’écosystème ou est-ce que je le détruis ? « . Avant chaque geste éducatif, chaque activité professionnelle, chaque décision budgétaire et stratégique, je ne vois pas comment ne pas se poser la question de l’impact écologique en tant que professionnel de l’action sociale. Il est inconcevable qu’un éducateur, qu’une conseillère ou qu’une assistante sociale, à plus forte raison qu’un directeur d’établissement ne mesure pas la climat-compatibilité de son action et de son type d’accompagnement en préalable ! C’est un luxe indécent de continuer de détourner le regard. Plus on attendra, plus l’urgence deviendra ingérable et plus il nous faudra faire des choix draconiens.

LPE : Au cœur de votre ouvrage il y a le double constat de la vulnérabilité des populations déshéritées et de la vulnérabilité écologique, planétaire désormais. Pouvez-vous développer ce point s’il vous plaît.

DG : A la vulnérabilité sociale, entendue comme le pendant individuel de l’insécurité collective sur le plan social propre aux civilisations modernes (cf. Robert Castel, 1995) se rajoute dorénavant la vulnérabilité écologique (GIEC, 2022). C’est ce que j’appelle « la double peine » affectant notre public prioritaire.

Comme l’écrit avec acuité et justesse Muriel Klinger dans la préface du livre (p.16) « la vulnérabilité se décline au pluriel et interroge aussi bien les modalités de la vie sociale que les ressources de l’environnement. Caractérisée par l’état d’instabilité et d’insécurité, induit par le ressenti de la menace d’un péril imminent, la notion de vulnérabilité recouvre d’un même mot les fragilités de l’existence sur le plan biographique et le destin incertain au niveau planétaire. (…) L’écoasnxiété et ses manifestations, auprès des plus jeunes en particulier, sont une des traductions parmi d’autres du sentiment de vulnérabilité qui arrime le sujet fragilisé à une perspective globale incertaine, voire potentiellement apocalyptique ».

Cette analyse est d’autant plus pertinente quand on sait :

1) d’une part, que le GIEC dans son dernier et 6ème rapport publié en 2021-2022, y développe pour la première fois la notion de « risque et de vulnérabilité climatique » à l’égard des populations humaines. D’après les auteurs du rapport, entre 3,3 à 3,6 milliards d’humains (sur 8) vivent actuellement dans des conditions de forte exposition au risque climatique. Parmi celles-ci, sont également concernées  les populations paupérisées occidentales résidentes dans des zones particulièrement vulnérables – habitat périphérique mal aménagé, site excentré difficilement accessible , etc. -, déjà lourdement affectées par le poids des crises économiques.

2) D’autre part, que le décile supérieur de revenu mondial (les 10 % les plus riches dans le monde) consomme plus de 50 % de l’empreinte carbone. En France, les 10 % les plus aisés émettent 25 tonnes/personnes/an alors que la moyenne se situe entre 9 et 10 T/p/an et que la partie de la population la plus pauvre des Français n’émet en moyenne que 5 tonnes/an !  Comment se mobiliser en faveur d’une écologisation populaire quand on découvre que sur les 3 premiers mois de l’année 2023, un homme d’affaires français a émis  684 tonnes de CO2 en jet privé pour 56 vols sur 4 continents représentant 128 000 kilomètres. ? Quasiment l’équivalent des rejets d’un français moyen à 10T/p/an dans toute une vie ! Et quand on sait qu’ il n’est pas rare qu’un jet privé vol à vide à destination de son client aisé et fortuné qui l’attend dans l’aéroport voisin…de 30 km….. au mépris d’un quelconque souci d’ordre écologique.

Du point de vue de ces populations, et on le comprend aisément, la « double peine » est vécue comme un véritable flot de ressentiment à l’égard des catégories sociales favorisées à forte empreinte écologique, considérées comme celles qui  stigmatisent les plus pauvres et leur prétendue inculture écologique. Ni plus, ni moins. Ici, les analyses centrées sur les processus de frustration relative et d’indignation morale observés par les sociologues dans les quartiers de relégation (Dubet, Lapeyronnie, 1992) retrouvent avec force leur bien-fondé.

Pourtant, à l’observation, on découvre (je pense notamment aux enquêtes de terrain de Laurence Granchamps et Romane Joli, 2023) que les habitants des quartiers populaires « expriment un attachement au vivant et à une nature ordinaire (et comestible) » en accordant une place de premier plan à de nombreuses formes « d’écologisation et de diffusion des pratiques » spontanées (jardinage, plantation et végétalisation informelles, etc.). La période du Covid a été révélatrice à cet effet.

A l’échelle des travailleurs sociaux, on l’aura compris, il est impératif qu’ils s’adaptent aux nouvelles conditions matérielles d’habitabilité. Par conséquent, il faut élargir  notre point de vue de travailleur social à la lumière des enjeux écologiques et climatiques. Inclure comme vous dites (L’écologie intégrale, 2017), le social dans l’écologie et réciproquement.

Du point de vue de l’enseignement, le défi pédagogique est écrasant. Il s’agit ni plus ni moins de problématiser « comment permettre aux classes populaires de participer et de proposer leur propre vision de l’écologie ou leur propre récit de la transition écologique »  (Granchamps L. & Joli, R., 2023) pour les saisir comme autant d’opportunités dans l’ enseignement délivré aux  étudiant(e)s.

Dans mon livre L’écologisation du travail social. Les établissements sociaux à l’épreuve du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité (2022), je tente de montrer comment agir concrètement de manière systémique et intégrale en faveur d’une maitrise de l’empreinte écologique générée par les activités au quotidien, en intégrant ces questions dans l’agenda du travail social.

A partir de cinq expériences pionnières et remarquables, je fais découvrir concrètement comment cette complémentarité entre question sociale et écologique dans le travail social est tout à fait jouable. A partir des données que j’ai pu recueillir (enquêtes et monographies), je propose une typologie de la qualité de l’engagement des structures. Celle-ci repose sur trois modalités et degrés d’implication et d’engagement : les petits pas, le sas de passage et l’approche globale et systémique (l’écologisation).

De cette dernière modalité – qui recouvre tout à fait ce que vous appelez l’écologie intégrale (D. Bourg & Ch. Arnsperger, 2017), à savoir engagement volontariste, projet global et action transversale -, il ressort la nécessité de réformer les contenus de formation en faveur d’un enseignement obligatoire et transversal de l’écologie comme matière incontournable, quel que soit le niveau et l’objet d’étude.

Si le travailleur social est un spécialiste de l’altérité dans toute sa dimension humaine, il est donc particulièrement préparé à l’altérité dans sa globalité. S’attacher au vivant et à la biodiversité, c’est ouvrir de nouveaux horizons qui dépassent les fonctions historiques du travail social, mobilisant collectivités territoriales, établissements publics, initiatives privées, producteurs et agriculteurs locaux, usagers et vivants non humains. Ce type de démarche va nous conduire à nous situer dans une posture plus horizontale, en acceptant parfois d’être pilote d’action et d’autre fois, de devenir simple acteur d’une autre expérience, hors champ social, élargissant de nouvelles perspectives de travail et dépassant l’entre-soi professionnel et institutionnel.

Je pense vraiment que l’écologisation peut permettre aux travailleurs sociaux de donner un nouveau sens à leur métier et ainsi contribuer à rendre le secteur bien plus attractif. En ce sens, l’écologie et la solidarité ne sont que les deux faces de la même pièce.

LPE : Qu’en est-il alors de la formation et de ses contenus ?

DG : Au regard du caractère extrêmement urgent des mutations en jeux, il me semble inévitable de concevoir les contenus de formation autour d’un socle écologique et climatique. Être à la hauteur des enjeux écologiques et par conséquent considérer les conditions d’habitabilité comme prioritaires suppose ce que j’appelle dans le livre « la réformation de l’action sociale orchestrée à l’échelle de l’ensemble du secteur dans toutes ses dimensions organisationnelles, professionnelles, éducatives, thérapeutiques » (p.13).

J’emprunte cette notion de réformation à l’historien médiéviste alsacien Francis Rapp (1995). Celui-ci propose d’élargir le regard porté sur la période de la réforme protestante. Pour cet historien, il s’agit plus d’un mouvement social de fond, d’une dynamique de transformation à l’œuvre dans la société, traversée et animée par un faisceau d’enjeux (politique, sociétal, économique, psychologique), dépassant le caractère uniquement religieux.

Aujourd’hui, l’acquisition d’une solide « culture écologique » (Charbonnier P., 2022) acclimatée aux spécificités du travail social n’est plus une option. C’est la clé de voûte de l’activité au quotidien dans le travail social. Cette culture écologique convoque les sciences de la Terre et l’ensemble des sciences sociales (anthropologie, sociologie, histoire, géographie, économique, philosophie, technologie). Aussi, les enseignements en formation de travailleur social doivent intégrer ces disciplines et ses nouveaux points de vue pour s’adapter aux nouveaux défis.

La réformation des formations consiste à envisager les enseignements de manière systémique, globale et transversale. Rajouter un « truc vert » (développement durable, responsabilité sociétale des entreprises, transition énergétique, etc.) dans une case sur la liste des indicateurs de compétences demandées ne suffira pas. C’est la totalité des parcours de métiers, l’ensemble des contenus d’enseignements qui s’appuient sur une solide culture écologique, indispensable boite à outils au travail social d’aujourd’hui. C’est ce que j’appelle « démailler le filtre vert » tout au long des parcours de formation.

Cette expression m’a été inspirée à la fois par mon expérience genevoise où j’ai puisé l’énoncé de filtre vert à la lecture d’un journal d’apprentissage d’une étudiante genevoise (Harben Tsegaï, 2021), et à la suite d’un long séjour sur l’ile de la Réunion où j’ai glané l’expression créole « démailler ».

« Démailler », c’est comme démêler quelque chose (les cheveux, la ligne de canne à pêche) inextricablement liée et mélangée ensemble sans distinctions. Démailler, c’est retrouver le fil conducteur essentiel qui réordonne les choses. « Démailler le filtre vert » d’un parcours de formation, c’est garantir l’engagement écologique et le rappel aux valeurs supérieures de la pérennité de la vie sur Terre. Si l’on en croit les conclusions de la synthèse du dernier rapport du GIEC, l’affaire n’est pas gagnée…

À mon niveau, je constate un défaut astronomique de culture écologique dans les établissements de formation. Par exemple, dans le cadre de mes enseignements, je constate que les enjeux d’adaptation aux nouvelles conditions d’existence et d’habitabilité ne concernent quasiment jamais les cadres et les directions. Or, si l’impulsion ne vient pas d’en haut et que l’ensemble du projet de l’établissement ne prend pas en compte cette question de manière globale, rien ne se passe.

Si une grande partie de la solution viendra de l’appropriation de la culture écologique, cela doit passer inévitablement par les enseignements en formation initiale, mais également continue. Adoptée en France l’été dernier, la loi Climat et Résilience s’appuie sur le comité social d’établissement (CSE) pour encourager la formation des professionnels à la transition écologique. Pourtant, les directions ne se saisissent pas de ce texte pour former leurs personnels et se former elles-mêmes au premier chef.

Les nombreuses expériences que je décris dans mon ouvrage montrent que l’inscription des établissements dans une démarche écologique, repose sur l’engagement global de tous les salariés, chacun à son échelle, autour de cet objectif. Dans cette orchestration, la place du chef, du directeur et de la direction est déterminante. L’exigence écologique, que l’on doit placer au premier rang des priorités, passe inévitablement par un changement d’approche des établissements sociaux. Nous devons porter un autre regard, à la fois sur l’inscription territoriale et écologique de nos structures et sur la manière de mobiliser les équipes et les personnels dans une dynamique ouverte à l’altérité dans sa dimension de biodiversité. En ce sens, il s’agit de l’écologisation du secteur social. 

LPE : On constate une sorte de résistance à cette écologisation que vous appelez de vos vœux ?

DG : Oui, c’est exact. Dans la première partie de l’ouvrage, j’essaye de comprendre – à l’aide des théories existantes -,  les blocages psycho-sociaux et plus largement les raisons qui font obstacle (le déni-syndrome de l’autruche, les pulsions de survie de type neuro-cérébral héritées de notre passé millénaire, l’aveuglement idéologique au progrès technologique, source de  croissance infinie et d’abondance illimitée). A cela, s’ajoute incontestablement, l’amnésie environnementale générationnelle. Nous devons cette notion au psychologue américain Peter H. Kahn qui l’a théorisée en 2002.

Pour résumer, chaque génération tend à considérer comme normale la biodiversité (pourtant dégradée) qu’elle a connue dans l’enfance.  Autrement dit,  notre perception de l’état de la biodiversité, est considérée comme normale car conditionnée par « l’environnement naturel de référence » dans lequel nous avons grandi. Si aucune fouine ne file devant mes pas à l’aube, aucun hibou n’hulule quand je rentre le soir chez moi, rien de plus normal et habituel.

Ainsi, c’est à partir de ce niveau de référence que nous mesurons les évolutions de la nature et non par rapport à celui des générations précédentes. Parallèlement au déclin des populations animales et végétales, à chaque nouvelle génération, l’état de la biodiversité est donc considéré comme à son « niveau normal de référence ». Dit autrement, l’absence de nature devient normale. Ce phénomène se reproduisant au fil des générations, la transmission du déclin des écosystèmes est impossible. Par conséquent, l’effondrement des populations et l’extinction des espèces vivantes constituent un angle mort de la transmission propre à la modernité occidentale.  Ce qui a pour conséquence un « oubli de nature  » qui décline de génération en génération jusqu’à se traduire comme une véritable « crise de sensibilité du vivant » comme l’exprime avec justesse le philosophe Baptiste Morizot (2018).

La pensée de Peter H Kahn va trouver un écho en France en 2017 chez Cynthia Fleury et Anne-Caroline Prévot, auteures de l’ouvrage Le souci de la nature. Apprendre, inventer, gouverner. Dans la continuité de la pensée de l’écrivain américain, les deux auteures arrivent à la même conclusion.  Moins l’humain entre en relation avec son environnement naturel, plus il en oublie l’existence. Si l’on en croit ces deux auteures, cette « amnésie environnementale générationnelle » se couplerait avec une « extinction de notre expérience de nature ». Cette dernière constituerait le facteur déterminant de l’amnésie environnementale générationnelle. Moins on est en relation avec la nature, plus on l’oublie.

Philippe Jacques Dubois, ornithologue français fait le même constat. Auteur de La grande amnésie écologique (2012), il s’attache à comprendre comment « on finit par oublier que les territoires étaient autrefois bien plus riches en biodiversité. ». Résultat :  parce que l’« amnésie tient avant tout au manque de transmission de notre mémoire environnementale », nous oublions peu à peu les éléments constitutifs du vivant qui se dégrade progressivement, accélérant ainsi sans le vouloir sa dégradation. Selon l’ornithologue, il suffit de quelques dizaines d’années pour s’accommoder de la disparation de ce qui faisait notre environnement proche, à l’exemple de l’invisibilité de la disparition des alouettes des champs ou de l’emblématique courlis cendré qui enchantait les prairies de ma jeunesse. C’est dans  notre cerveau que se trouve l’explication pour  Philippe J. Dubois : « À l’image d’un ordinateur, notre cerveau fait continuellement des mises à jour de notre perception du monde en écrasant la version précédente. Si l’on n’est pas très attentif au vivant et à ses évolutions, on peut très vite oublier ce à quoi il ressemblait ». Sans conteste, l’amnésie environnementale générationnelle constitue une traduction phénoménologique de la séparation entre nature et culture voulue par l’être humain occidental (les modernes) développée par Philippe Descola, Bruno Latour et vous-même.

Pour Cynthia Fleury et Anne-Caroline Prévôt (2017), nous sommes entrainés dans un cercle vicieux puisque « non seulement nous nous connectons de moins en moins avec la nature, parce que nos modes de vie limitent nos contacts avec elle, (…) moins nous « expérimentons » la nature, sans contrainte, librement et de façon personnelle, moins nous pensons que nos liens avec elle sont importants pour nous, et moins nous luttons pour sa préservation ».  Ainsi, «  si les communautés humaines ne pensent pas que la dégradation de l’environnement est importante, il n’y a pas de raison que les politiques ou les institutions s’en chargent ». 

Ce sont ces processus à l’œuvre qui expliqueraient pourquoi la préservation de la biodiversité dans son ensemble n’est pas inscrite dans les priorités politiques. La « biodiversité ne se limite pas aux espaces remarquables et protégés que nous imaginons vierges de toute influence humaine. C’est aussi et surtout un tissu vivant dont nous faisons partie, une biodiversité ordinaire, agricole ou urbaine. Quand le fonctionnement de la nature est à ce point modifié, nos sociétés elles-mêmes sont en danger ».

Pour contrer ce phénomène, il faut donc multiplier les  « expérience de nature » qu’elles soient éducatives, pédagogiques, collectives ou personnelles. En ce sens, l’éducation populaire à l’environnement doit être enseignée comme discipline à part entière dès la maternelle selon Philippe Jacques Dubois. Alors qu’Anne Caroline Prévôt et Cynthia Fleury nous convient à poser les jalons d’un nouveau contrat social fondé sur la réconciliation entre nature et humains.

C’est pourquoi, il appartient au secteur social et d’éducation populaire de s’emparer de ces questions et de faire sa part en contribuant à son niveau à la fondation d’un pacte nouveau qui renoue les liens perdus avec l’altérité écosystémique dans toutes ses dimensions de biodiversité (vivants humains et non humains).

Car comme l’écrit avec beaucoup de sensibilité, Peter H. Kahn, « nos corps et nos esprits ont été faits pour regarder le ciel nocturne. Pour marcher sur de longues distances. Pour nager dans les rivières sauvages, cueillir des baies et croiser un bref instant le regard d’un animal sauvage et savoir que cet animal, à sa manière, vous reconnaît comme un autre être. Cela fait partie de la bienfaisante réciprocité de la nature. Cela fait magnifiquement écho, toutes choses étant égales par ailleurs, au fait de regarder dans les yeux d’un être aimé et réciproquement. Voir et être vu. Connaître et être connu. ».

Un article du 21 mars 2023, de La Pensée Ecologique, avec Dominique Grandgeorge.

Crédit Image : La Pensée Ecologique

Related Posts

Membre de la Fédération de l’Audiovisuel Participatif, mais aussi de Médias Citoyens, nous travaillons pour le développement des médias associatifs, afin de participer à la construction d’une société de l’information de proximité. Nous privilégions à la fois les rencontres, le contact et les échanges, ainsi que des alliances basées sur le dialogue constructif, la liberté d’expression et la solidarité, pour le bien de chacun.e et de tous.te.s.

contactez-nous

Restez informé !

La Gazette du reZo arrive bientôt ! Pour recevoir une newsletter pas comme les autres chaque mois dans ta boite email c’est par ici !